Cours Créer, recréer le monde : récits des origines dans les différentes religions monothéistes
Introduction :
Les récits d’origine (ou récits de création) racontent le commencement du monde, l’apparition de la vie sur Terre, et l’histoire des premiers hommes. Le nom « origine » vient du verbe latin oriri qui signifie « naître ». Au pluriel, il désigne les premiers temps de l’humanité, son histoire. On trouve ces récits dans les textes sacrés des religions monothéistes. Ils sont à l’origine de nombreuses cultures et tentent de répondre aux grandes questions de l’homme. Nous définirons d’abord précisément ce qu’est un récit des origines. Nous étudierons ensuite des extraits de récit de la création du monde dans la Genèse puis dans le Coran.
Monothéisme et polythéisme :
Le polythéisme (de poly, plusieurs) est le fait de considérer qu’il existe plusieurs dieux. Le monothéisme (de mono, un seul) est donc le fait de considérer qu’il n’existe qu’un seul dieu.
Genèse :
La première partie de l’Ancien Testament, dans la Bible, se nomme la Genèse (du grec genesis, « naissance, origine »). Elle raconte d’abord la création du monde puis celle de l’humanité avec Adam et Eve, homme et femme, qui seront chassés du paradis terrestre à cause de leur désobéissance.
Bible :
La Bible (du grec biblia, « les livres ») est le recueil des écritures sacrées du judaïsme (Bible hébraïque) et du christianisme (Ancien et Nouveau Testament). La Bible hébraïque est composée de trois parties, dont la plus connue est la Torah. La Bible chrétienne est organisée en deux parties : l’Ancien Testament qui correspond pour une grande part à la Bible hébraïque, dans un ordre différent, et le Nouveau Testament (la vie et la mort de Jésus).
Coran :
Le Coran est le livre sacré des musulmans.
Au commencement du monde : qu’est-ce qu’un récit des origines ?
Au commencement du monde : qu’est-ce qu’un récit des origines ?
Un genre universel
Un genre universel
Les récits des origines constituent des textes fondateurs : hérités du passé, ils participent aux fondements d’une civilisation. Ils appartiennent à des époques très anciennes, remontant souvent à l’Antiquité et ont été transmis oralement, avant d’être fixés sous une forme écrite, sur des supports variés (des tablettes d’argile, des rouleaux de papyrus ou de parchemin, puis des livres). Ils expliquent de manière imaginaire la création du monde (le ciel, la terre, la mer), la naissance des êtres humains sur terre, l'apparition des animaux, des fleurs, des arbres ou les phénomènes naturels (par exemple la course du soleil ou l’origine des saisons).
Des récits communs aux trois grandes religions monothéistes
Des récits communs aux trois grandes religions monothéistes
Les textes des trois grandes religions monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l’islam) évoquent les relations entre Dieu et les êtres humains. La Bible est le texte sacré du judaïsme (religion des Juifs) et du christianisme (religion des chrétiens). Elle relate notamment la création du monde (séparation du ciel et de la terre, apparition de la vie). Le Coran, livre sacré de l’islam, a été mis par écrit au VIIe siècle de notre ère. Il comporte des épisodes et des personnages communs avec la Bible (l’arche de Noé et le Déluge par exemple).
Des récits qui interrogent l’être humain et le monde
Des récits qui interrogent l’être humain et le monde
Des contes empruntés à d’autres civilisations comme l’Afrique ou les Antilles visent aussi à donner des explications de l’origine du monde, des êtres humains et des espèces vivantes. Appartenant souvent à la tradition orale, ces récits ont été consignés par écrit, puis traduits dans différentes langues. Malgré leur diversité géographique et culturelle, ces récits ont un point commun : traduire les inquiétudes des êtres humains, en donnant des réponses aux questions que tous se posent sur les réalités du monde.
Les récits de création du monde sont également appelés cosmogonies. Ce mot vient de deux radicaux grecs (kosmos, « monde » et gonos, « naissance »). Dans les religions monothéistes, les récits de création sont aussi des théogonies (de theos, « dieu ») puisqu’un dieu est à l’origine de la création.
Récits de création dans la Bible et le Coran
Récits de création dans la Bible et le Coran
La Création dans la Genèse
La Création dans la Genèse
Voici pour commencer le récit de la Création dans la Genèse :
« Au commencement, Dieu créa le ciel et la Terre. Or la Terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme1 et un vent de Dieu agitait la surface des eaux.
Dieu dit : ‟Que la lumière soit”, et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres2. Dieu appela la lumière ‟jour” et les ténèbres ‟nuit”.
Dieu dit : ‟Que les eaux qui sont sous le ciel s’amassent en un seul endroit et qu’apparaisse le continent”, et il en fut ainsi. »
1 Un abîme est un gouffre, un précipice.
2 Les ténèbres sont un mot pour désigner l’obscurité profonde, le noir.
La Terre était « vide et vague » et les « ténèbres » régnaient. On peut remarquer le contraste entre l’avant Création et l’après. L’expression « au commencement » indique le temps avant l’intervention de Dieu où il n’y avait rien.
Ce texte apprend au lecteur qu’il n’y avait rien auparavant, le monde n’était qu’un vaste désert stérile.
Stérile :
L’adjectif stérile désigne l’incapacité à donner la vie.
Cette période est soulignée par l’emploi de l’imparfait de l’indicatif des verbes « étaient », « couvraient », ou encore « agitait ».
L’imparfait de l’indicatif est le temps de l’action qui dure dans le passé.
Les verbes au passé simple « dit », « fut », « vit », « sépara », et « appela » marquent l’action de Dieu.
- Dieu vient donc rompre cette période par son action.
Michel-Ange, Dieu crée la Terre, la Lune et le Soleil, Chapelle Sixtine, 1511
Dieu crée tout, la forme du monde avec ses continents mais aussi la différence entre le jour et la nuit puisque la lumière n’existait pas.
Ce texte met en avant la toute-puissance de Dieu, il crée chaque élément de l’univers en ne prononçant qu’une phrase : « Que la lumière soit », ou encore « Que les eaux qui sont sous le ciel s’amassent en un seul endroit et qu’apparaisse le continent ».
- « Que la lumière soit » est une phrase injonctive.
Une phrase injonctive exprime un ordre. L’impératif est généralement le mode de l’injonction mais il ne peut pas se conjuguer à la troisième personne du singulier. C’est pourquoi on utilise également le subjonctif précédé de « que » pour exprimer un ordre.
Dieu fait preuve d’autorité, il donne un ordre aux éléments, à la nature, et ils obéissent. Le pouvoir de Dieu se fonde donc uniquement sur sa volonté, il lui suffit de vouloir quelque chose pour que son souhait soit exaucé.
On peut relever la répétition du terme « Dieu » qui se trouve en tête de phrase dans l’extrait. Il s’agit d’une figure de style : l’anaphore.
Anaphore :
Une anaphore est une figure de style souvent utilisée en poésie. Il s’agit d’une répétition d’un mot ou d’une expression au début d’une phrase.
L’anaphore souligne la toute-puissance de Dieu et donne également une dimension poétique au texte. Cette figure de style apporte en effet un rythme par l’effet de répétition.
Le récit des origines du monde dans la Genèse montre que Dieu a tout créé et qu’il possède un pouvoir absolu. Il suscite l’admiration du lecteur mais aussi la crainte, puisqu’un être si puissant peut être également redouté.
La création dans le Coran
La création dans le Coran
La Création est également racontée dans le Coran, dans la sourate XIV.
Sourate :
Une sourate est un chapitre du Coran.
« C’est lui qui a créé les cieux et la terre
Et qui fait descendre du ciel une eau
Grâce à laquelle il fait pousser des fruits
Pour votre subsistance.
Il a mis à votre service le vaisseau
Pour que celui-ci, par son ordre, vogue sur la mer.
Il a mis à votre service les fleuves.
Il a mis à votre service le soleil et la lune
Qui gravitent avec régularité.
Il a mis à votre service la nuit et le jour.
Il vous a donné tout ce que vous lui avez demandé.
Si vous vouliez compter les bienfaits de Dieu,
Vous ne sauriez les dénombrer. »
Ce texte établit la liste de tout ce que Dieu a pu créer dans le monde, les « cieux », la « terre », les « fruits », le « vaisseau », les « fleuves », le « soleil », la « lune », la « nuit », et le « jour ».
Thomas Cole, Vue de loin des Chutes du Niagara, 1830
Dieu a donc tout créé, puisque les choses énumérées sont essentielles à la vie sur Terre pour les hommes. Cette liste marque ainsi la toute-puissance de Dieu.
On peut également remarquer les répétitions de la phrase « Il a mis à votre service ». Cela donne une dimension poétique au texte, cela crée un rythme. De plus, la structure du texte fait penser aux vers d’un poème.
Dans le Coran comme dans la Bible on parle de versets pour désigner un court paragraphe.
Si la somme de tout ce qu’a créé Dieu montre sa toute-puissance, l’expression « il a mis à votre service » laisse entendre que c’est un acte de générosité. Cette idée est soulignée également par la phrase « Si vous vouliez compter les bienfaits de Dieu, Vous ne sauriez les dénombrer. ». Cela signifie que Dieu est si généreux que l’on ne peut compter tout ce qu’il a offert aux hommes. Dieu ne doit pas être craint, il est bon.
Ce récit de la création du monde met l’accent sur le fait que les hommes doivent tout à Dieu. Cela sous-entend que les hommes doivent lui en être reconnaissants.
Conclusion :
Les récits des origines du monde dans les textes sacrés des religions monothéistes présentent Dieu comme un être tout-puissant. Il a créé le monde par sa seule volonté et peut tout faire. Le lecteur peut admirer Dieu, le craindre ou encore lui être reconnaissant. Le mythe est un récit qui permet de donner du sens à notre monde et à notre façon de vivre en société. Ces récits religieux peuvent être comparés à des mythes puisqu’ils nous amènent à réfléchir sur notre place en tant qu’humains.