Cours Création et recréation du monde dans les différentes religions polythéistes

Définition

Polythéisme :

Le polythéisme est le fait de considérer qu’il existe plusieurs dieux.

Deux mythes de création dans les religions polythéistes

Un mythe de création : l’épopée de Gilgamesh

Gilgamesh est un roi mésopotamien qui aurait vécu vers 2650 avant J.-C.

Définition

Mésopotamie :

La Mésopotamie est une ancienne région du Moyen-Orient, elle correspond à peu près à l’Irak actuel.

Les aventures légendaires de Gilgamesh nous ont été transmises par une série de tablettes en argile. Il s’agit de la première œuvre littéraire que nous connaissons, écrite en cunéiforme.

Définition

Cunéiforme :

L’écriture cunéiforme est un système d’écriture de la Mésopotamie datant du IV^e millénaire avant J.-C.

Gilgamesh est devenu le héros de longs poèmes épiques rédigés à sa gloire.

Rappel

L’adjectif épique est dérivé de « épopée ». Une épopée est un récit écrit en vers qui célèbre les exploits guerriers d’un héros. Elle donne souvent lieu à des exagérations et fait intervenir des personnages puissants comme des dieux.

Gilgamesh est un héros divin puisqu’il descend de la déesse Aruru-la-sublime qui est à l’origine de l’humanité. Il possède une grande force, mais c’est aussi un humain avec ses faiblesses car il est orgueilleux et violent. Il est le roi de la cité d’Uruk, se comporte en véritable tyran et terrorise son peuple.

Définition

Tyran :

Un tyran est une personne qui a un pouvoir absolu et qui impose ses décisions par la terreur.

Les habitants de la cité d’Uruk prient alors les dieux d’intervenir. Dans cet extrait de Le premier Roi du monde, l’épopée de Gilgamesh, de Jacques Cassabois, le narrateur explique comment les dieux ont créé le monde :

Citation

« Les dieux sont en effet les créateurs du monde : ils ont tiré de la Mer la première motte d’argile, dont ils ont façonné le monde. Ils ont mêlé leur sang à la boue et touillé ce mélange pour donner naissance à l’humanité. Ils ont doté ¹ les hommes d’un esprit, pour les protéger de l’oubli. Puis ils leur ont remis la houe², le couffin³, le moule à briques, pour qu’ils fassent pousser les plantes et construisent le pays. »

Les dieux sont donc à l’origine du monde et des hommes. On peut noter la répétition de « ils ont » qui indique que les dieux ont tout créé. La création du monde s’est faite en trois étapes, les dieux ont d’abord donné sa forme à l’homme à partir de « l’argile », puis il lui ont donné un « esprit » et enfin les outils et la connaissance pour qu’il puisse se nourrir et se développer.

À retenir

Les hommes sont donc le résultat de la magie des dieux qui ont mélangé leur sang à la boue de l’argile pour les créer. On trouve aussi l’idée que les hommes sont une œuvre d’art. Ils ont été sculptés dans l’argile comme on sculpte une statue.

On trouve également dans l’Antiquité le récit de la création de l’homme. Platon en fait le récit dans Protagoras au IV^e siècle avant J.-C. Il s’agit du mythe de Prométhée.

Le mythe de Prométhée

Dans l’extrait du Protagoras que nous allons étudier, deux philosophes discutent de l’être humain. L’un raconte à l’autre l’histoire du mythe de Prométhée et d’Épiméthée, deux titans chargés par le dieu Zeus d’attribuer aux différentes espèces leurs caractéristiques.

Définition

Titan :

Un titan est un des premiers dieux dans la mythologie grecque.

Épiméthée demande à Prométhée de le laisser faire seul le partage et lui propose de venir examiner son travail une fois fini.

Citation

« Sa demande accordée, il fit le partage, et, en le faisant, il attribua aux uns la force sans la vitesse, aux autres la vitesse sans la force ; il donna des armes à ceux-ci, les refusa à ceux-là, mais il imagina pour eux d’autres moyens de conservation ; […] et il appliqua ce procédé de compensation¹ à tous les animaux. […] Cependant Épiméthée, qui n’était pas très réfléchi, avait sans y prendre garde dépensé pour les animaux toutes les facultés² dont il disposait et il lui restait la race humaine à pourvoir, et il ne savait que faire. […] Alors Prométhée, ne sachant qu’imaginer pour donner à l’homme le moyen de se conserver, vole à Héphaïstos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu ; car sans le feu, la connaissance des arts était impossible et inutile ; et il en fait présent à l’homme. L’homme eut ainsi la science propre à conserver sa propre vie. »

Les pronoms « aux uns » et « aux autres » ainsi que « ceux-ci » et « ceux-là » montrent le partage équitable effectué par Epiméthée pour chaque espèce. On peut donc constater qu’Épiméthée souhaite accomplir sa mission au mieux et tente de tout équilibrer entre les espèces.
Pourtant, le philosophe raconte que malgré tous ses efforts, il n’est « pas très réfléchi » car il commet l’erreur de dépenser sans compter toutes les qualités dont il disposait. Prométhée décide alors de réparer l’erreur d’Épiméthée en volant la « connaissance » aux dieux Héphaïstos et Athéna.

À retenir

La connaissance est ainsi la caractéristique propre à l’homme. Il s’agit de la qualité qui lui permet de survivre et d’évoluer.

Dans la mythologie grecque, l’Homme n’avait donc pas de place particulière dans l’histoire de la création du monde. C’est l’erreur d’Épiméthée puis le vol de Prométhée qui font de lui ce qu’il est.

Grâce à son intelligence, l’Homme dépasse sa nature fragile et vulnérable et parvient même à dominer les autres espèces.

Définition

Vulnérable :

L’adjectif vulnérable désigne quelqu’un de fragile, qui peut être une proie facile.

Création et re-création du monde dans la mythologie gréco-romaine

Le mythe du Déluge chez Ovide

Un mythe est un récit (du grec muthos : « récit ») de faits imaginaires, qui explique des phénomènes naturels ou certains aspects fondamentaux du monde. il met en scène des dieux ou des héros. Un mythe étiologique raconte l’origine d’un être, d’une chose ou d’un phénomène. Ovide, dans le long poème qu’il a écrit à partir des mythes grecs (Métamorphoses), raconte la création du monde. Mais très vite, les humains deviennent mauvais et Jupiter décide de les punir en provoquant le déluge, décidant ainsi d’une sorte de renouvellement, de régénération d’un monde déjà existant.

Lors du déluge, le débordement des eaux sur la Terre emporte toutes les formes de vie : les animaux, les végétaux, les êtres humains. Ovide conclut ainsi la description de la catastrophe : « l’immense débordement de l’océan avait recouvert les collines ; des flots jusqu’alors inconnus battaient les sommets des montagnes. La plus grande partie des êtres vivants est entraînée par les eaux ; ceux que les eaux ont épargnés périssent faute de nourriture. »

Un couple d’humains vertueux, qui a obtenu la faveur des dieux, survit au déluge : Pyrrha et son époux Deucalion. Thémis, la déesse de la justice, leur ordonne alors de recréer l’humanité en jetant les os de leur grand-mère par-dessus leurs épaules. Pyrrha et Deucalion ne saisissent pas immédiatement le sens de cette parole : mais quelques instants plus tard, comprenant que leur grand-mère est en fait Gaïa, la Terre, ils se mettent à jeter des cailloux :

Citation

« La partie de ces pierres où quelques sucs liquides se mêlent à la terre devient la chair ; ce qui est solide et ne peut fléchir se change en os ; ce qui est veine subsiste sous le même nom ; dans un bref espace de temps, comme l’avaient voulu les dieux, les pierres lancées par des mains masculines prirent la forme d’un homme et le sexe féminin dut une nouvelle vie à celles qu’une femme avait jetées. Voilà pourquoi nous sommes une race dure, à l’épreuve de la fatigue. »

C’est ainsi que Deucalion et Pyrrha furent choisis pour recréer le monde après le Déluge.

Le mythe du Déluge est un mythe universel. Il est présent dans plusieurs textes anciens : l’épopée de Gilgamesh, le récit biblique de l’Ancien Testament, les Métamorphoses et certains récits hindouistes indiens. Ces textes racontent des histoires similaires : les humains déçoivent leur créateur qui les supprime par un déluge, mais conserve quelques humains pour les régénérer.

L’origine des saisons: Proserpine et Cérès

Dans les Métamorphoses, Ovide raconte un autre mythe étiologique, cette fois-ci dans le but d'expliquer l’origine d’un phénomène naturel qui, si l’on en croit la mythologie, n’a pas toujours existé : l’alternance des saisons.

Proserpine, fille de Cérès, déesse de l’agriculture et des moissons, a été enlevée et épousée par Pluton, dieu des Enfers. Cérès supplie alors Jupiter, son frère, d’intervenir pour lui rendre sa fille. Malheureusement pour Cérès, Proserpine a mangé quelques grains de grenade dans le monde souterrain, ce qui lui interdit de revenir comme avant dans les cieux. Jupiter règle alors le problème en décidant de diviser l’année en deux. Proserpine passera six mois avec son mari, Pluton, et six mois avec sa mère, Cérès. Ce mythe étiologique raconte de manière poétique l’origine des saisons : en automne et en hiver, Cérès, triste de ne pas voir sa fille, cesse de faire pousser les plantes ; en revanche, au printemps et en été, elle est heureuse de la retrouver et fait à nouveau croître la nature, permettant ainsi l’agriculture. Le mythe nous invite ainsi à mettre en relation les émotions de la déesse, positives ou négatives, avec une forme de re-création du monde : l’existence des saisons sur la Terre.